L’église de Souillaguet

Située au sud-est de Gourdon dont elle était séparée par Saint-Romain, la paroisse de Souillaguet était en majorité située sur un plateau vallonné dominant à l’est Le Vigan et attenant à Saint-Cirq-Bel-Arbre au sud-est alors que le ruisseau ou rivière de Saint-Clair la bordait au sud. De faible superficie (450 ha) et peu peuplée (193 habitants en 1793), elle se situait à l’écart des voies de communication importantes et était constituée de plusieurs hameaux épars dont les deux plus importants étaient Souillaguet (autrefois écrit Soulhaguet ou Solhiaguet) et La Feyderie (autrefois La Feydedie) situé en contrebas sur une petite élévation dans la vallée. Avant la Révolution, elle englobait plusieurs grandes propriétés, certaines appartenant à des bourgeois de Gourdon. L’église était donc destinée avant tout à des métayers ou petits cultivateurs locaux mais elle a sans doute bénéficié de contributions de gens plus fortunés.

C’est en général un signe d’ancienneté. En effet, cette dédicace ne se réfère pas à saint Pierre martyr et premier chef de l’Église (comme le fait par exemple l’église Saint-Pierre de Gourdon) mais à un épisode antérieur de sa vie, son emprisonnement à Jérusalem et sa délivrance miraculeuse alors qu’il était condamné à mort par Hérode. Les chaines qui l’avaient entravé et avaient été conservées furent transférées à Rome au V^e siècle. Elles devinrent un objet de vénération et furent à l’origine d’une dissémination de ce vocable parmi les églises qui s’édifiaient. Ce vocable se retrouve aussi dans les environs à Frayssinet. L’église de Souillaguet a aussi une dédicace secondaire à saint Eutrope, premier évêque de Saintes et compagnon de saint Martial, évangélisateur de l’Aquitaine et du Limousin. Son culte est peu présent dans le Quercy sauf à Leyme et à Salviac où existait une confrérie à son nom.

Cette chapelle avait le grand inconvénient de perturber l’écoulement naturel des eaux et entretenait une humidité préjudiciable à l’intérieur de l’église malgré les importants travaux qui avaient pourtant été effectués en 1897 pour y remédier. Elle était réputée n’avoir aucun intérêt architectural et a été démolie dans les années 1990 ; la date de sa construction était peut-être 1851. Monsieur Digeon qui a assisté aux travaux nous apprend qu’il fut découvert sur son emplacement dix-sept squelettes^*. Les statues et les chapiteaux polychromes qui les soutenaient sont conservés dans la tribune de l’église, l’autel a disparu.

^* Jean Digeon : Chroniques d’un village quercynois en Bouriane Saint Cirq Souillaguet. Éditions de la Bouriane, 1999.

C’est la plus ancienne conservée dans la commune (elle est en cours d’examen par la DRAC en vue d’une inscription aux MH) et date sans doute du XVII^e siècle. Elle est bien conservée malgré son exposition aux intempéries et est ornée d’une dédicace en lettres gothiques sur laquelle on peut encore lire « pétrus » qui est son nom de baptême et la relie bien à l’église. Pendant la Révolution, à la suite du décret du 23 juillet 1793 relative à la fonte des cloches, craignant qu’elle ne fut déposée, la municipalité consulta les habitants de Souillaguet qui se prononcèrent « pour la construction d’une horloge ». La municipalité proposa alors aux autorités avec rouerie et, sans doute par soucis d’économie, de conserver la cloche « excepté qu’elle soit plus utile à la république qu’à la commune de Souillaguet ». (Document conservé à la mairie et daté du 24 germinal an II (13 avril 1794) c’est-à-dire pendant la Terreur).